Ce réveil amnésique...
Oh ! Soledad Lokäarth,
blonde
magnifique,
puritaine,
auprès de Corto,
ronde
éclectique
et migraine,
mémoire à vau-l'eau...
Comment se retrouve-t-il
à Maracaïbo,
et auprès de Steiner,
dont il ignore les
mobiles,
qui l'appelle Corto,
et la tête à l'envers ?
Puis Lévi Columbia,
cet aventurier de bureau
que ramène en visite
le bon vieux Jeremiah,
à bord de son bateau,
de chez cet acolyte,
ramenant en cachette
ces champignons magiques
dont on ne sait l'effet.
Lévi l'anachorète
parlant de ce mythique
Eldorado rêvé,
Journaux d'Elliah Corbett,
route d'Orellana
par le haut Marañon,
fables que rien n'arrête
quand on mange le plât
de riz qu'on
champignonne,
qu'on se retrouve sur le
fleuve Postaza,
en Equateur, en compagnie
de Pierr' La Reine,
baroudeur échappé du
bagne de Cayenne,
de tribus en tribus,
toujours un peu plus là,
toujours un peu plus loin,
jusqu'au point de départ,
à cause du bonheur trop
court, comme toujours...
Et qu'on a toujours plus
ou moins la même histoire
de femme en vain, en vin
mauvais mêlé d'amour.
Peu à peu se descend le
fleuve Chambira,
puis l'affluent du
Corientes, jusqu'aux Nanay,
ces indiens amis, et puis
ce guide : Aparia,
un Jivaro pour s'enfoncer
dans la forêt !
L'attaque du boa,
la mort du barquero,
puis ces tours
cylindriques,
cité de Cibola ?
Soudain, les Jivaros !
Leur attaque tactique,
Trahison d'Aparia !
Il hait les blanches
peaux...
Les champignons magiques
de Pierr' sont en débat :
prétend à tout idiot
qu'ils le rendent unique
et immortel à ça :
aux armes des bourreaux,
à la machette inique,
qui décapitera,
au rire de Corto,
à son rire cynique,
celui qui évita
la torture et les maux
des indiens céphaliques
réducteurs !
Et Steiner !
Et Corto !
Et la machette d'Aparia !
Quelle horreur !
Quel horaire ?
Quel Echo !
Le rêve de Jeremiah !
Et soudain, l'on se
réveille au petit matin...
Quand Corto se demande ce
qu'il peut faire là,
de ses oublis et de ses
rêves incertains,
retrouver vie, mémoire,
aux tropiques endroits,
et de London, mort l'an
passé, quelques émois,
et de l'Eldorado de
Raleigh, Columbia,
de ses fables sur les
cités de Cibola,
restent ses mots sur les
rêves d'Orellana :
« Les rêves sont en
or, la réalité, torve... »
Et la tête réduite,
évadée de Cayenne,
sans plus qu'aucun
sanglot, ni plus qu'aucune morve,
ne s’échappassent de
ses coutures indiennes,
trophée triste dans cet
improbable bureau,
si c'était celle, qu'en
rêve, on sut de La Reine,
de ce souvenir lourd qui
affecte Corto,
suffisant pour racheter à
ces mœurs païennes
la relique sans bas,
de deux chandeliers
en or massif
de la gran'cathédrale
san Cristobal,
haut-lieu des jeux votifs
de la belle Havana,
pour une place au pied
d'un cimetière hâtif,
place au chaud
en Maracaïbo
un peu poussif,
à nuestra señora,
puis boire avec Steiner
le vin de la Yuca,
vin de Guanavana,
vain vin, vieux Jeremiah,
à Maracaïmer...
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